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Sectes & Religions

Par Florence LACROIX
 Chercheur à l’Université de Paris I - Sorbonne
- Spécialiste des mouvements sectaires.

L’actualité internationale, notamment française, a fait de nouveau ressurgir la question des sectes. La publication d’un rapport parlementaire a mis en exergue les moyens de financement mis en place par ces groupements ; en outre, la Cour de Cassation a rendu, le 1er juillet 1999, une décision sur le pourvoi formé contre la décision de la Cour d’Appel de Lyon dans l’affaire de l’Eglise de Scientologie, décisions dans lesquelles les juges ont considéré que le qualificatif de religion pouvait être donné à ce mouvement.

L’actualité internationale, notamment française, a fait de nouveau ressurgir la question des sectes. La publication d’un rapport parlementaire a mis en exergue les moyens de financement mis en place par ces groupements ; en outre, la Cour de Cassation a rendu, le 1er juillet 1999, une décision sur le pourvoi formé contre la décision de la Cour d’Appel de Lyon dans l’affaire de l’Eglise de Scientologie, décisions dans lesquelles les juges ont considéré que le qualificatif de religion pouvait être donné à ce mouvement. C’est pourquoi, l’équipe de Jurisweb a tenu à approfondir ces points avec Florence Lacroix, spécialiste des mouvements sectaires qui a bien voulu répondre à nos quelques questions. 

Florence Lacroix est actuellement Chercheur en Science Politiques à l’Université de Paris I
- Sorbonne et s’apprête à publier sa thèse qui traite sous un angle interdisciplinaire (sociologie, histoire, psychiatrie, droit, géopolitique) de la Soka Gakkai, première secte mondiale aussi bien en nombre de fidèles et qu’en ressources financières. 

Propos recueillis par Benoit Tabaka, Rédacteur en chef de Jurisweb.

Benoit Tabaka : Votre étude principale porte sur la Soka Gakkai qui est fortement implantée au Japon. Pouvez-vous nous dresser un aperçu du paysage juridico-religieux japonais ? Quelle est la nature juridique de la Soka Gakkai  ?

Florence Lacroix : Il n’existe pas vraiment de conceptualisation du phénomène sectaire au Japon. Ce qui se traduit par un flou dans les termes employés. Chaque temple ayant le droit de créer sa propre structure (par un système d’autorisation individuelle délivrée par les préfectures) et les écoles classiques s’étant scindées en de multiples courants, on compte entre 180 et 200 000 sectes ou organisations cultuelles au Japon, dont 1000 à 2000 sectes au sens français du terme. Lorsqu’on veut stigmatiser les sectes dangereuses, on emploie le mot étranger "cult".

Pour ce qui est des grosses sectes, il faut une autorisation délivrée, non par la préfecture, mais par une agence gouvernementale, le Bunkachô. Or longtemps, la Soka Gakkai a été enregistrée à la préfecture de Tokyo, mais depuis l’attentat au sarin perpétré par la secte Aum Shinrikyô, les grosses sectes doivent être enregistrées au Bunkachô et la Saka Gakkai étant la plus grosse secte nippone, elle doit désormais être enregistrée au Bunkachô.

Aux termes de la loi japonaise sur les "shûkyô dantai", c’est-à-dire les organisations cultuelles et religieuses, il faut la réunion des 3 conditions pour obtenir ce statut : une doctrine propre, des lieux sacrés propres, et des objets de culte propres à l’organisation candidate.

Or, la Soka Gakkai a été créée dans les années 30 comme branche laïque de la Nichiren Shoshu (école bouddhique remontant au XIIIème siècle et créée par le moine Nichiren 1222-1282). Elle a peu à peu dépossédé cette école bouddhique de sa doctrine, qu’elle a politisée à l’extrême, de ses lieux sacrés, de son objet de culte principal - le " Gohonzon"- qui a subi une dérive commerciale incompatible avec sa nature religieuse. Autrement dit, on peut dire que la Soka Gakkai ne réunit aucune des 3 conditions requises pour se voir reconnaître le statut de "shûkyo dantai", a fortiori depuis le divorce officiel entre les deux organisations dans les années 90. Ces 2 organisations étant désormais des entités juridiques distinctes, la Soka Gakkai ne peut plus prétendre détenir ni doctrine propre,ni lieu sacré (celui qu’elle avait fait édifier dans l’enceinte du temple Taisekiji ayant été démoli par la Nichiren Shoshu récemment), ni objet de culte. Plusieurs observateurs, relayés par des associations,s’appuyant sur ce constat, ont réclamé la suppression du statut de "shûkyô dantai" pour la Soka Gakkai. Cette suppression, qui semble évidente intellectuellement et juridiquement, se heurte à la toute puissance de la Soka Gakkai, d’autant que le parti politique de celle-ci, le Kômeitô, va entrer au gouvernement,incessamment sous peu.

La Soka Gakkai ne réunit donc pas les critères classiques d’une "shûkyô dantai",mais en plus , elle présente certaines caractéristiques typiquement sectaires que je me contenterai d’énumérer.

- une structure pyramidale, avec une bureaucratisation et une multitude de structures qui renforcent le pouvoir du gourou depuis les années 60, M. Ikeda (il faut noter qu’il n’est plus le président nominal de la secte, mais détient de facto le pouvoir réel au sein de la secte).

- une pression financière extrêmement forte sur les adeptes nippons . A l’étranger, la pression est moins forte car la consigne est de gagner une bonne image de marque et de toute façon, avec 8 millions d’adeptes nippons pressurés régulièrement, ils n’ont pas vraiment besoin d’argent. On peut dire que les adeptes nippons financent l’internationalisation de la secte.

- des mécanismes d’emprise sur les adeptes, avec une déréalisation, la construction d’un "isolat culturel" (expression empruntée à "la dérive sectaire" d’Anne Fournier et de Michel Monroi ,PUF), une dépendance totale provoquée et entretenue par des procédés de mobilisation psychologique et par un contrôle de l’espace-temps des adeptes. Une modification de l’éthique et une altération de l’identité des adeptes, à leur insu.

- une doctrine pseudo-religieuse ( manipulation,et dévoiemen,t de concepts religieux à des fins de pouvoir)qui légitime les activités politiques de la secte, car les objectifs de M. Ikeda et de la Soka Gakkai sont d’ordre purement politique. Il s’agit de devenir le centre de gravité de l’échiquier politique nippon et de la société, et de devenir "la religion mondiale", version pseudo-religieuse de l’ONU .

- un parti politique , le contrôle d’un électorat flottant de6 à 8 millions de bulletins de vote, le contrôle occulte de parlementaires d’autres partis.

- l’inflitration bureaucratique de la Soka Gakkai qui a développé des réseaux secrets au sein de grands ministères,dans les milieux juridiques, dans la police des grandes villes, entre autres.

- une infiltration à l’étranger aussi avec des réseaux secrets dans les ambassades,les organisations internationales.

- une stratégie de cour en direction des leaders d’opinion des différents pays,dans différents domaines politique, culturels, recherche etc..., et une extrême "générosité" envers nombre de personnalités piégées ou achetées.

- une stratégie qui semble, par le biais d’organisations et de mécanismes précis,relever d’ acti vités de renseignement.

Voilà pourquoi je parle "d’Etat dans l’Etat". J’ajouterai sur ce thème, quelques chiffres pour planter le décor.

La Soka Gakkai, c’est 

- environ 8 millions d’adeptes au Japon (sur 123 millions d’habitants), 2 millions à l’étranger, soit environ 10 millions au total et une présence dans 128 pays. Ce qui en fait la plus grosse secte du monde.

- un parti politique, le kômeitô, et le contrôle d’un électorat flottant de 6 à 8 millions de bulletins de vote.

- une fortune estimée entre 500 et 700 milliards de francs, ce qui en fait la secte la plus riche  au monde.

- un réseau éducatif, du jardin d’enfants à l’université, dont certaines structures sont présentes à l’étranger.

- un parc immobilier impressionnant

- des structures lui permettant de pénétrer même les milieux les plus fermés. un statut d’ONG des Nations-Unies, un réseau impressionnant de centres de recherche, des musées, associations culturelles, etc... Un Etat dans l’Etat, donc. Ce degré de logistique permet à la Soka Gakkai de passer au politique, c’est-à-dire de prendre en charge le politique. C’est une forme de parasitage,dans la mesure où la majorité des Japonais non membres rejettent cete secte et dénoncent sa stratégie de pouvoir.

- quand je parle de "secte d’un type nouveau", une secte géopolitique et planétaire, je pense qu’il s’agit d’un prototype de ce qui va nous tomber dessus dans les décennies à venir. 
Indépendamment des déterminants culturels typiquement nippons qui donnent à la Soka Gakkai son originalité, je crois que lorsqu’une secte a atteint un certain degré de développement en termes financiers et en termes d’adeptes, les objectifs financiers deviennent moins pressants et ce qui devient l’objectif primordial est la conquête du pouvoir. Le dépassement d’un certain degré de logistique débouche sur un passage au politique, à des fins de conquête du pouvoir. En cela, la Soka Gakkai, première secte au monde par sa logistique et le degré de sophistication de sa stratégie, me semble être le prototype des sectes à venir.

Ce qui signifie également que les déterminants culturels vont jouer un rôle moins important. Le Japon apparaît, à tort d’ailleurs, comme un "repoussoir" , un contre-exemple dont la spécificité culturelle serait trop particulière pour être exportable.

Or, ces déterminants culturels nippons n’ont pas fait obstacle à une internationalisation de la Soka Gakkai. On peut même dire qu’ils ont joué favorablement,et ceci, d’une façon occulte.

Ce phénomène est, à mes yeux, l’illustration du passage d’une ère de pouvoir à une ère d’influence du système international.

BT : La France, au contraire d’autres Etats, a opté en faveur d’une distinction entre religion et secte. Est-il possible d’élaborer des critères permettant de faire une différence entre ces deux types de mouvement  ?

FL  : On peut en effet énumérer des caractéristiques permettant de cerner le caractère sectaire de certaines organisations se prétendant religions.

Mais avant cela, il faut rappeler que les Eglises se sont historiquement comportées à certaines périodes comme des sectes (Inquisition , évangélisation de certaines populations lointaines comme prélude à la colonisation), mais ont évolué, sous la pression de certains facteurs internes et externes, vers une réalité plus proche de l’idéal religieux. A la limite, l’étalon devrait être normatif, c’est-à-dire la religion telle qu’elle devrait toujours être.

Le mot secte a eu un sens historique (branche d’une Eglise faisant sécession suite à un différend d’ordre doctrinal) qui n’a plus rien à voir avec la réalité sectaire actuelle.

La secte d’aujourd’hui ne fait plus sécession sur la base d’un différend doctrinal, mais en revanche constitue une organisation représentant une nouvelle version du vieux thème de "l’exploitation de l’homme par l’homme".

Une définition ainsi que les composantes de la logique sectaire sont exposées et développées dans le remarquable ouvrage d’Anne Fournier et Michel Monroy "la dérive sectaire", PUF.Pages 18-23, notamment.

Je reprendrai ces éléments et insisterai juste sur certains aspects de la réalité sectaire.
 

- C’est une organisation hiérarchisée, pyramidale, à tendance totalitaire, soumise aux diktats non négociables d’un gourou ou d’une bureaucratie héritière et dépositaire de sa pensée, sorte de substitut du père.
- avec toute une gradation dans l’engagement qui va du profil du sympathisant à celui du fanatique, en passant par l’adepte "total", le cadre convaincu, relais essentiel dans la chaîne de la manipulation,et l’adepte en proie au doute.
- cette organisation diffuse un enseignement exclusif ,c’est-à-dire qui refuse toute autre interprétation et prétend détenir LA vérité et donc, auto-référant.Enseignement expansif, parce que cette interprétation n’est pas limitée à un domaine mais envahit, peu à peu, tous les domaines de la vie, croyances, sciences, vie quotidienne, relations avec les autres,etc...aboutissant ainsi à ...

- la construction d’un "isolat culturel", les relations avec le monde extérieur n’étant plus appréhendées à travers l’observation objective des faits et la confrontation émulatrice avec d’autres visions du monde, mais à travers une grille de lecture codée et artificielle. Cet "isolat" impliquant une série de ruptures physiques ,ou plus insidieusement, psychiques avec l’environnement extérieur,diabolisé.

- la secte ( par un mécanisme d’emprise psychologique qui mêle séduction, culpabilisation, menace, mobilisation,élitisme) développe une logique "subversive" (travaux de Marcel Boisot) qui atteint l’identité de l’adepte. L’enjeu, à travers une modification de l’éthique et de le personnalité de l’adepte, est en effet l’altération de l’identité par la construction d’une relation de dépendance qui standardise les adeptes et les instrumentalise.

- l’objectif est l’acquisition ou l’exercice d’un pouvoir sur les adeptes et/ou sur la société. Il faut en effet aborder le problème par les deux bouts. Celui du gourou qui manipule,celui de l’adepte qui se fait manipuler. Les sectes ne prolifèrent que dans un contexte sociétal qui y prète le flanc et qui génère une demande que les sectes viennent combler en proposant des solutions séduisantes mais fausses à de vrais problèmes. L’adhésion à une secte est en fait une marque de refus, de rejet, de révolte à l’égard de la société, donc la sanction d’un dysfonctionnement sociétal.Cette insatisfaction est récupérée par la secte qui multiplie promesses et mirages,tout en masquant les coûts, les contraintes et les risques, et exploite les angoisses et les peurs.

- enfin , le profil des groupe sectaires évolue vers un camouflage de plus en plus sophistiqué. Dans les années 70, mai 68 oblige, les sectes étaient coupées physiquement du reste de la société et ne cherchaient pas l’insertion mais le retrait dans des communautés, conformément à l’idéologie soixante huitarde de l’époque.
Les sectes des années 80-90 et suivantes sont plus pragmatiques. On cherche plutôt à exploiter la position des adeptes dans la société,à les instrumentaliser dans le cadre de leur statut social. La rupture est plus psychique que géographique et plus insidieuse. Ce type d’exploitation, par ailleurs plus conforme aux contingences économiques du moment, récupère les aspirations des individus à se développer dans le cadre de la société et se prête mieux à une stratégie de pouvoir.D’où la recrudescence des tentatives d’infiltration des entreprises et organismes de formation, du monde politique, et de beaucoup de rouages de la société.
 

BT : Que penser de la position américaine reconnaissant le statut de religion à tout groupement. Quels dangers cela peut-il apporter  ?

FL  : Il y a certes dans la décision américaine des déterminants culturels . Dans ce pays de pionniers,de longue date, l’athée est perçu comme un danger. Mieux vaut croire à n’importe quoi que de ne pas croire. Tout athée est un communiste en puissance.

D’où la propension des Etats-Unis à soutenir les mouvements religieux,même les plus fanatiques. Les "nouvelles religions" sont devenues pour les Etats-Unis un mode de lutte contre les mouvements populaires sur tous les continents. Cela nous conduit à des motivations plus sombres et en relation avec la stratégie de certains services secrets. D’après certains journalistes d’investigation et certains chercheurs (notamment Bruno Fouchereau, "la mafia des sectes",éditions filipacchi. Paul Ariès "le retour du diable" éditions Golias)la majorité des sectes sont "made in USA". Un bon nombre d’entre elles ont été créées par des spécialistes de la guerre psychologique pour contrôler l’espace politique et diffuser la culture nord-américaine. Ces sectes seraient donc des instruments de diffusion de l’hégémonie culturelle nord-américaine et entretiendraient des liens intimes avec les services secrets américains. Le "rapport Rockfeller"de 1969, la "déclaration de Santa Fe" de 1980 illustrent, selon les auteurs cités, l’utilisation de ces sectes par les services nord-américains pour la défense des intérêts américains en Amérique du Sud. Il ne faut pas non plus oublier que le "New Age" est une création de la côte Ouest américaine et qu’il constitue le terreau sur lequel prolifèrent les nouveaux mouvements sectaires.

Dès lors, pourquoi s’étonner de la mansuétude dont fait preuve la Maison Blanche en faveur des sectes, surtout lorsque l’on sait que certains de ses locataires ont des liens avec certaines sectes ? Georges Bush avait des liens avec Moon, ainsi que Hillary Clinton qui est devenue chroniqueuse dans le "Washington Time" appartenant à Moon. Moon et la Scientologie sont également réputées avoir financé les coûteuses campagnes électorales de M. Clinton.

Je confirme, pour ma part, avoir connaissance des activités de certaines organisations, émanations de Moon, en Afrique pour le compte de services secrets,ainsi que du recours par le gouvernement nippon à certaines sectes ou organisations qui leur sont liées, pour des missions de politique étrangère ou de négociations économiques dans certains pays étrangers.

Je pense même, au vu de ces exemples et de mes recherches sur la Soka Gakkai, que le recours aux sectes comme instruments d’une stratégie de renseignement  est en train de devenir une tendance générale sur la scène internationale.

Reste à distinguer les sectes sous contrôle effectif d’un gouvernement, donc instruments de politique étrangère, et les sectes qui ont dépassé un niveau de logistique leur permettant de développer leur propre réseau de renseignement privé et qui s’érigent alors à la fois en partenaires et compétiteurs de l’Etat, ce qui me semble être le cas de la Soka Gakkai.

BT : Lorsque vous parliez de la Soka Gakkai, vous utilisiez l’expression d’Etat dans l’Etat. Est-ce le cas de l’ensemble des grandes sectes connues ici en France ?

FL  : En ce qui concerne les autres sectes, l’infiltration devient une tendance ,tant dans le monde économique (entreprises, organismes de formation) que dans le monde politique.

On peut, par exemple se demander pourquoi,en France, certains ministères semblent si peu sensibles à la problématique sectaire... et par qui certains hommes politiques font financer leurs campagnes électorales ... Cela étant, de là à constituer des "Etats dans l’Etat", ce n’est pas encore le cas, pour une question de niveau logistique pour le moment, mais je pense que c’est une question de temps et que certaines sectes, lorsqu’elles auront atteint un niveau de logistique à peu près équivalent à celui de la Soka Gakkai, passeront au politique. Un parti politique, le contrôle de la longévité de certains hommes politiques, des réseaux secrets au sein de ministères ou d’entreprises peuvent constituer une bonne amorce.

Tout cela dépendra de facteurs internes aux sectes -nombre d’adeptes, capacités financières, cohésion interne, "sens politique" du gourou, etc ...- mais aussi de facteurs externes, et notamment d’une prise de conscience du danger politique, autant que sociétal, que constitue la problématique sectaire. D’où la lutte des sectes, d’ailleurs, pour obtenir le label de respectabilté que constitue l’étiquette "nouvelle religion", avec d’ailleurs le concours de chercheurs et professeurs d’université financés par ces sectes .

C’est aussi la raison pour laquelle il me semble nécessaire de ne plus aborder les grandes sectes sous l’angle de leur action seulement en France,ou dans les milieux économiques, mais de prendre en compte, ou d’anticiper,la dimension planétaire et géopolitique de certaines d’entre elles, car certains aspects sectaires, absents en France, sont présents ailleurs.

Prenons le cas de la Soka Gakkai. Elle a l’image,hors du sol nippon, d’une organisation qui "donne", ce qui s’inscrit en contradiction avec l’image traditionnelle de la secte qui "prend". De fait, si on prend en compte l’activité de la Soka Gakkai au Japon, on s’aperçoit qu’elle soumet ses adeptes à un essorage financier méthodique, impitoyable, et périodique. Elle "prend" au Japon pour "donner" à l’étranger. Les adeptes nippons financent l’internationalisation de la Soka Gakkai . Par ailleurs, "donner", c’est aussi dans ce cas "acheter"... Si les dérives financières sont, dans l’ensemble, discrètes au sein de la secte en France, c’est parce que, au Japon ,des gens sont spoliés sans ménagement, et que ces "dons" permettent d’acheter des gens, de pénétrer des milieux fermés, et de construire de toutes pièces une image internationale rassurante et légitime.

© - Tous droits réservés - Florence LACROIX - 1er juillet 1999

 


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