Affaire d’Etat ou de l’Etat

L’affaire qui touche le Groupe de Pelotons de Sécurité [GPS] a permis d’écarter de la une des journaux les frappes de l’Otan en Yougoslavie et notamment, la nouvelle "erreur" commise par les troupes alliées. Accusés d’avoir mis le feu à une paillote qui devait être détruit par la suite, les trois gendarmes ont été mis en examen Lundi pour destruction volontaire d’un bien appartenant à autrui par l’effet d’un incendie commis en bande organisé.

Mais, cette affaire que le Premier Ministre a qualifié "de l’Etat" et non "d’Etat" fait apparaitre de nombreuses questions permettant de faire douter de cette distinction sur les mots. Quel intérêt avaient les gendarmes de mettre le feu à une paillote qui devait être détruite quelques semaines plus tard ? Comment des gendarmes aussi expérimentés dans les missions spéciales auraient pu commettre une erreur aussi grossière dans cette action en oubliant un talkie-walkie ?

En réponse à ces questions, la justice soupçonne les gendarmes d’élites d’avoir monté une provocation en incendiant un restaurant qui pourtant devait être détruit. Pourtant, des rumeurs de vengeances ou de coup monté entre services, pour destabiliser le GPS deviennent de plus en plus pressantes. Cela sera donc au juge corse chargé de l’affaire de décider définitivement de cette affaire.

Mais, surtout, cette affaire a pour effet de remettre en cause toute l’action de l’Etat en Corse et notamment dans sa volonté de rétablir l’Etat de droit sur l’île, et cela depuis l’assassinat du Préfet Erignac. Cette affaire aura sans nul doute le mérite de modifier profondément les agencements des divers services de sécurité dans l’île et de clarifier les rôles de chacun. En effet, cette affaire a mis en exergue les relations entre les divers services en opération sur l’île et notamment le GPS, les Renseignements Généraux, les services de Police, la Direction de la Sécurité du Territoire et la Direction Anti-terroriste, ainsi que les télescopages et, jalousies pouvant avoir lieu entre ces mêmes services.

Une affaire de l’Etat : sans nul doute. Une affaire d’Etat : également.

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Citation : Affaire d’Etat ou de l’Etat, in Rajf.org, brève du 29 avril 1999
http://www.rajf.org/spip.php?breve21