En hommage au Doyen Georges Vedel récemment décédé, les éditions Dalloz rééditent in extenso Le Manuel élémentaire de droit constitutionnel originellement publié en 1949, ouvrage de référence pour l’ensemble des publicistes et passionnés de sciences politiques. Cet ouvrage permet de comprendre la notion même de démocratie, la nécessaire transition constitutionnelle de 1946 et son évolution.
Véritable analyse prémonitoire de la IVe République, le Doyen définit dans ce Manuel le droit constitutionnel, met en lumière les relations existant entre cette branche juridique et le droit administratif, et démontre également la forte interaction entre droit et science politique.
Il procède surtout à une importante analyse des deux conceptions de la démocratie que sont la démocratie "classique" et la démocratie "nouvelle" c’est à dire marxiste, sous l’angle de leurs fondements théoriques, historiques et idéologiques.
La première s’articule notamment autour de la notion de Constitution qui "peut être définie comme l’ensemble des règles de droit les plus impotantes de l’Etat. De ce point de vue, sont règles constitutionnelles, celles qui déterminent la forme même de l’Etat, la forme de son gouvernement, les organes qui le dirigent et la manière dont ils sont constitués, les compétences dont ils sont investis, les droit des citoyens". Mais surtout, c’est une démocratie qui immédiatement après son triomphe des années 20, entrait en crise et qui voyait se dresser en face d’elle, un conception de la démocratie qui se prétendait plus authentiquement fidèle à l’idéal démocratique.
La seconde est la démocratie nouvelle, c’est à dire la démocratie marxiste répudiant les principes du droit constitutionnel classique où la Constitution prend figure "d’instrumlent de renouvellement du pacte social ; elle est le Contrat social écrit" mais surtout, comme l’indique le Doyen Vedel, c’est une démocratie qui "n’est pas le royaume des juristes".
En mémoire à leur ami, Guy Carcassonne et Olivier Duhamel, ses disciples, ont souhaité collaborer à cette réédition en la préfaçant. Ils soulignent ainsi avec justesse, la netteté des propos, de la pensé et du style employés tout en s’émerveillant sur la qualité de l’argumentation développée par Georges Vedel pour expliquer notamment les régimes communistes sans pour autant les justifier.
Apprécier la place du droit et celle du politique, comprendre la diversité des raisonnements juridiques et la rigueur qui doit leur être commune, tels sont les apports de cet ouvrage fondamental à découvrir ou redécouvrir.